Avoir un pancréas artificiel : quelles conséquences ?

Publié le : 16 janvier 20238 mins de lecture

Le quotidien des diabétiques de type 1 implique une veille permanente : au lever, au coucher, avant chaque repas ou activité sportive, ils doivent mesurer leur glycémie : sucre sanguin et l’ajuster en s’injectant de l’insuline, pour pallier l’inactivité de leur pancréas. Même si le matériel à leur disposition s’est beaucoup modernisé ces dernières années, entre mini-pompes portatives et capteurs connectés, la surveillance repose encore sur leurs épaules. C’est précisément cette charge mentale que le pancréas artificiel permet de soulager. Cet article parle des conséquences du pancréas artificiels.

Le remède technique rend-il l’équipe de diabétiques superflue ?

On abordera une fois de plus la technologie du diabète, le flot de données et l’interaction entre l’homme et la technologie, en d’autres termes, les sujets qui dominent de plus en plus la pratique diabétologique. Cette fois-ci, il s’agit du pancréas artificiel, la bionique pour les diabétiques.

Le premier pancréas artificiel déjà approuvé aux États-Unis

Grâce à la combinaison de la surveillance continue du glucose, CGM et des pompes à insuline contrôlées par des capteurs, cette vision n’est pas seulement à portée de main. Un tel pancréas artificiel a été approuvé par la Nourriture et drogue, administration pour la première fois l’automne dernier. Dans une étude portant sur 123 diabétiques de type 1, sur laquelle s’est fondée la décision de la FDA, il n’y a eu aucun effet secondaire, ni acidocétose ou hypoglycémie dans aucun des cas. L’approbation en Europe est attendue. Plusieurs de ces systèmes en boucle fermée sont en cours de développement. The Lancet vient de publier la première étude sur l’utilisation d’un remplacement pancréatique bihormonal dans les conditions quotidiennes. Le système bionique, qui a été développé à la Harvard Médical School de Boston, applique l’insuline et le glucagon de manière indépendante et se rapproche ainsi du modèle naturel par rapport aux autres modèles. Des algorithmes autonomes et adaptatifs utilisent les données de la CGM pour l’ajustement continu des doses. Pour le patient, si tout fonctionne, cela signifie une gestion simplifiée du diabète. Il n’est pas nécessaire de procéder à un long calibrage, l’initialisation est basée uniquement sur le poids du corps. Dans l’étude américaine menée auprès de 39 adultes atteints de diabète de type 1 qui poursuivaient leurs activités quotidiennes normales, notamment le travail, le sport et la conduite, cela a bien fonctionné.

Un pancréas bionique et bihormonal qui présente des avantages pour la régulation du sucre dans le sang

Les participants ont été répartis au hasard en deux groupes, pancréas bihormonal et soins normaux avec une thérapie par pompe à insuline classique ou guidée par CGM. Après onze jours, les sujets ont changé de groupe, le résultat : le pancréas bionique a obtenu une régulation du sucre sanguin nettement meilleure tout en renonçant au comptage des glucides. Les phases hypoglycémiques sont moins fréquentes et le nouveau système s’est avéré sûr et fiable. Il s’agit encore plus du début que de la fin du développement du système. Les points de critique sont évidents : le petit nombre de participants, la courte durée du traitement, le contrôle déjà bon du sucre dans le sang des diabétiques de type 1, mais aussi l’utilisation du glucagon instable et coûteux. Des formulations plus stables de l’hormone seront nécessaires, ainsi que des études plus approfondies sur des périodes plus longues. Toutefois, ces deux éléments ne seront probablement qu’une question de temps, c’est pourquoi la question se pose à nouveau, comme dans le dernier article : les progrès techniques en matière de mesure du taux de glucose et d’application automatique de l’insuline rendent-ils inutiles les soins intensifs dispensés par une équipe de diabétiques ?

Forte demande d’équipes compétentes et motivantes dans le domaine du diabète

Là encore, la réponse est non. Au contraire : le manque d’équipes qualifiées, formées et convaincues représente un obstacle psychosocial à l’utilisation des nouvelles technologies. Il traite d’un sujet important : les aspects psychosociaux des nouvelles technologies de traitement du diabète. Le psychologue du diabète souligne les avantages et les inconvénients de la surveillance continue du glucose, les prédicteurs de son application réussie et les mesures professionnelles pour la promouvoir, en tenant compte des preuves disponibles. Afin de tirer le meilleur parti à long terme de la CGM ou FGM : Flash Glucose Monitoring, voir l’avant-dernier article : l’auto surveillance de la glycémie est-elle en train de disparaître ? Il faut une bonne compréhension du système, le contrôle de divers facteurs perturbateurs et une approche calme du flot de données. En outre, et surtout pour le patient très motivé, le soutien et les soins d’une équipe de diabétiques tout aussi motivée, qui a une grande expérience des technologies modernes, sont indispensables. On a déjà évoqué le programme de formation SPECTRUM pour la CGM. Développé conjointement par deux groupes de travail de la DDG, il est destiné à être utilisé dans les centres de diabétologie ambulatoires et hospitaliers. Les deux groupes de travail proposent également des séminaires de formation correspondants pour les équipes de lutte contre le diabète.

Ne craignez pas les valeurs volatiles 

Les facteurs personnels et familiaux jouent un rôle essentiel dans le succès de l’utilisation de la CGM. Après tout, tout le monde n’a pas une infirmière qui peut adapter une application à votre problème de diabète, comme dans ce cas particulier sur les turbulences du glucose à la suite de la ménarche. Dans tous les cas, les utilisateurs de la CGM doivent s’habituer au fait que les valeurs sont plus volatiles que prévu. Même un diabétologue expérimenté peut être surpris par des valeurs de glucose soudainement visibles ou mesurables, qui montent en flèche, surtout si elles sont les siennes. Le professeur Stephan Martin vient de rendre compte d’une telle auto-expérience dans l’Ärzte Zeitung. Il s’agissait de la consommation de deux dominos et de quelques biscuits lors de la conférence des médecins en chef ou d’un grand verre de jus d’orange fraîchement pressé au petit déjeuner. Le soulagement est ensuite venu des résultats tout à fait normaux de la mesure de l’HbA1c et du test de tolérance au glucose. Un coup d’œil à la littérature a permis à l’expert bien connu de constater que même chez les personnes en bonne santé sur le plan métabolique, des pics de glycémie postprandiale allant jusqu’à 160 mg/dl ne sont probablement pas tout à fait inhabituels. Toutefois, l’expérience de la CGM a incité M. Martin à poser la question tout à fait fondamentale suivante : quel est le taux de sucre dans le sang qui est normal ? 

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