Michel Lafond, Directeur de projet, Atos Origin

Publié le : 02 juillet 20205 mins de lecture

Le service des urgences du CHU de Grenoble utilise le logiciel DMU (Dossier Médicale des Urgences,  édité par le CHU de Grenoble) qui couvre les principaux processus d’un service d’urgence. Il comprend notamment un module de géolocalisation manuel qui renseigne sur un plan du service la position des patients dans les locaux du service. Cette opération demandait trop de temps au personnel pour déplacer via la souris la position des patients sur cette représentation cartographique, notamment si l’activité du service augmentait. Dans le cadre du projet « Hôpital du Futur », ce système a été remplacé par une géolocalisation automatisée des patients et des soignants en utilisant la technologie RFID. La principale problématique a été de trouver la bonne équation entre le coût initial (prix des antennes et des lecteurs RFID), les coûts d’exploitation (renouvellement, vols et pertes des bracelets RFID) et les contraintes techniques (dont la faisabilité d’une lecture fiable à 99,99 % sur un corps humain). Une contrainte complémentaire était de connaître le sens de passage à travers les portiques (entrée ou sortie) à l’entrée des pièces afin de déduire la position des personnes géolocalisées.

Atos Origin a joué sur ce projet le rôle d’intégrateur auprès des partenaires impiqués dans le projet (Intel, Microsoft, Cisco, HP, CHU de Grenoble, Hoospices Civils de Lyon). Atos Origin était en charge de piloter les différentes instances et d’assurer l’évolution du logiciel DMU. Une équipe de 3 à 5 personnes en moyenne (au sein d’Atos) a travaillé sur ce projet. HP et Atos Origin  ont étudié les différentes technologies du marché et retenu au final la technologie RFID de type UFH (Ultra Haute Fréquence). L’autre solution RFID HF (Haute Fréquence), bien que très prometteuse et plus simple dans sa mise en œuvre, n’a pas été retenue car il n’a pas été possible de mesurer le sens de passage (entrée ou sortie). La technologie des Tags actifs a également été étudiée : elle utilise des badges alimentés par piles qui émettent en permanence vers les antennes, contrairement aux tags passifs qui sont inertes et activés uniquement lors du passage près d’une antenne RFID. Le système des tags actifs est très efficace et ne nécessite peu d’antennes. Et il est même possible d’utiliser un réseau WiFi déjà existant en lieu et place des antennes. Ce qui permet d’éviter les lourds travaux d’infrastructure. Mais l’inconvénient majeur des tags actifs est leurs prix (environ 40 à 50 euros pièce). Ils sont certes ré-utilisables, mais la perte ou le vol de ces tags auraient pu rapidement se chiffrer à 300 000 euros sur une année d’exploitation. Le service accueille en effet 20 000 entrées par an et la typologie des malades et les caractéristiques propre aux Service d’Urgence ne permettent pas de surveiller correctement les retours des badges d’où des risques de perte conséquentes (certains membres du service avancent le chiffre de plus de 20 % de perte). L’UHF a donc été préférée aux autres solutions et la mise en exploitation à Grenoble est prévue pour le début 2007. Les patients seront alors équipés de manière systématique de bracelets imprimés et jetables (inférieur à 40 centimes d’euros pour la partie imprimée à usage unique). Le support sur lequel vient se coller l’étiquette est, lui, réutilisable et stérilisable (de l’ordre de 2,50 euros pièce). Les prix autour de ces technologies (antennes et lecteurs) sont en train de baisser et, d’ici 2 à 3 ans, seront largement plus accessibles.

L’autre point important était l’aspect confidentialité et respect des libertés individuelles. Ainsi, le personnel soignant n’est pas continuellement tracé. Des zones d’ombres ont été prévues afin de pouvoir sortir du champ des antennes. Et, de manière générale, l’activation de la géolocalisation du personnel est décidée par les responsables du service (le chef de service ou son adjoint), ils peuvent moduler l’activation par seuil (médecins, soignants, …). Ce système de palier permet de localiser le personnel requis en fonction de ses attributions (médecins, cadres soignants, etc). Dans tous les cas, les soignants sont avertis qu’ils sont géolocalisés et l’ensemble des données de traçabilité sont cryptées pour des raisons de sécurité. Ces informations peuvent s’avérer précieuses en cas de contamination d’un malade pour remonter la chaîne et retrouver les personnes qui sont entrées en contact avec.

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