Soins médicaux aux personnes âgées: Intel voit gris!

Publié le : 02 juillet 20206 mins de lecture

Le monde vieillit. Grisonnants depuis déjà plusieurs décennies, l’Europe et le Japon font des émules en Asie, à l’instar de la Chine! La classe des plus de 60 ans devrait représenter 1,2 milliard de personnes en 2025 et culminer à 20% de la population mondiale en 2050… Inutile de préciser que l’industrie clinique ne s’est jamais aussi bien portée! Les opportunités sont telles que le géant Intel s’est depuis peu positionné sur le marché. Présent sur l’amont du secteur, le groupe américain redouble d’initiatives en matière de recherche et de développement, s’assurant ainsi une visibilité certaine dans ce domaine. Outre les patients, Intel se veut à l’écoute du personnel soignant, des docteurs, des directeurs d’hôpitaux… Eric Dishman, directeur général de la division “recherche et innovation santé” d’Intel, nous l’explique très bien: “Le développement des maladies chroniques et le vieillissement croissant de la population mondiale soulèvent des questions aussi bien économiques que sociales. C’est la raison pour laquelle nous nous devons aujourd’hui d’anticiper.”  Conscient du caractère déterminant que revêt la dimension sociale, Intel décline nombre de ses innovations sur le thème du contact et de la créativité. Ainsi qu’Eric Dishman le souligne très justement: “La santé va bien au delà de la simple absence de troubles: il faut la voir comme un tout, comme une qualité de vie. Tout le monde sait que l’état physique est intimement lié à la santé morale”.

Pour concrétiser ce projet, Intel a réuni 60 chercheurs au sein d’une division baptisée “TRIL center” (Technology Research for Independant Living). Epaulé par les équipes basées aux Etats-Unis, ce centre de recherche localisé à Dublin s’est associé à trois universités irlandaises pour développer des solutions visant à améliorer la vie quotidienne des personnes âgées. L’accent est mis sur la détection des problèmes -la tendance, par exemple, à chuter à tel ou tel endroit-, l’objectif étant de permettre à nos aînés de demeurer chez eux et d’y vivre plus simplement, plus sûrement, tout en jouissant d’une réelle autonomie par rapport aux établissements de soins. Il va sans dire que les solutions développées ne doivent jamais porter atteinte à la vie privée ou à la dignité du patient. Le TRIL constitue en outre un centre d’observation: des ethnologues s’efforcent de comprendre comment vivent les personnes âgées. L’étude a été menée auprès de soixante seize foyers européens. L’objectif pour Intel est de développer, une fois le besoin identifié, un certain nombre de solutions ergonomiques, permettant de prodiguer des soins et de l’information à domicile (parce que le soutien du patient passe aussi par une meilleure communication avec le personnel soignant et les médecins!). Le constructeur informatique s’appuie pour ce faire sur la collaboration étroite entre ingénieurs et ethnologues. L’objectif est d’opérer, à terme, un glissement du cadre des soins depuis les établissements traditionnels vers le domicile. Une façon de réduire les temps de trajets et les coûts qui leur sont attachés.

Intel met déjà le fruit de ses recherches ainsi que son expertise en matière de Hardware à la disposition de l’industrie clinique. Grâce à l’appui d’une série de partenaires -Phillips et Motion Computing pour n’en citer que quelques uns- certains produits et dispositifs ont déjà vu le jour. Citons par exemple le motion C5, tablette de suivi pour le personnel soignant (infirmières notamment) développée sur la plate forme MCA (Mobile Clinical Assistant) et lancée en février 2007. Véritable concentré de technologie, le motion C5 présente de multiples avantages, en particulier celui d’être étanche, de lire les codes barres etc. L’innovation va même plus loin. Bien des domaines ont en effet trouvé une application: un dispositif à été mis en place pour lutter contre les troubles du sommeil, un autre pour prévenir et limiter le risque de chute. La Parkinson Assessment Box est un dispositif permettant de tester au quotidien les réflexes du patient, sa voix, l’évolution de sa maladie. Cette solution permet d’affiner le diagnostic et d’administrer plus justement les traitements. Dans un tout autre registre, une solution informatique -le Social Health System– permet de lutter contre le déclin cognitif et l’isolement qui en résulte. Les personnes âgées peuvent en effet entretenir leur vie sociale en établissant un organigramme de leurs contacts (proches, familles, amis etc.). Pour chacun d’eux, il est possible d’ajouter la photo, l’identité, le lien de parenté si il y a lieu, l’historique des appels etc. Ce logiciel s’inscrit dans une volonté de pérenniser le lien social. Une fois développés, les prototypes de ces solutions sont testés par des groupes de volontaires, et ce directement depuis leurs domiciles.

La démocratisation de tels dispositifs chez les particuliers suppose néanmoins un nouveau maillon dans la chaîne de distribution du marché médical. Il est en effet nécessaire de repenser les points de vente: les développer, les répartir uniformément sur le territoire. Si à ce jour, aucun partenariat formel n’a été conclu entre Intel et les pouvoirs publics français, une coopération reste toutefois à prévoir. Si l’Asie constitue pour les ethnologues du TRIL le prochaine terrain d’étude, c’est en Europe que ces technologies trouveront leur première application. L’échéance, seule, reste à déterminer…

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