La culture et les stéréotypes des migrants sont-ils un défi pour le personnel médical ?

Publié le : 16 janvier 20237 mins de lecture

La culture et les stéréotypes des migrants 

Aucun autre sujet n’est aussi souvent débattu en public et utilisé pour polariser que le thème de la migration et la qualité de service qu’on leur offre dans les hopitaux.  Cela repose souvent sur des idées fausses concernant d’autres cultures, de sorte qu’une réflexion systémique et éthique est également nécessaire dans le secteur de la santé. Les médecins sont notamment souvent victime de préjugés étant donné que la différence linguistique impose un certains problème de communication, et ils sont parfois mal interprétés. En outre, les patients appréhendent le  résultat des soins.

Pour réfléchir, il faut disposer d’une base de connaissances, savoir pourquoi les gens se comportent comme ils le font et comment ils pensent eux-mêmes à leur maladie. Les gens d’autres cultures ont une compréhension différente de la santé et aussi un régime alimentaire différent. Comme il n’existe pas d’études fondées sur des preuves, il n’y a pas de lignes directrices. Toutefois, les aspects culturels et religieux sont importants pour le succès des thérapies, en particulier pour les maladies liées au diabète, et doivent être pris en compte dans les conseils médicaux.

Anthropologie médicale

Le sujet de l’anthropologie médicale tente de faire la lumière sur ce point. Par exemple, elle traite de la question de savoir comment les gens comprennent la maladie. Les explications les plus divergentes sur les causes des maladies sont les suivantes : qu’elles soient dues à l’environnement, au climat ou à la sphère sociale, qui peut aussi inclure la sorcellerie ou une croyance surnaturelle, toutes sortes de choses sont arrêtées comme déclencheurs. Ce comportement explicatif influence également la manière dont la maladie est traitée et le traitement choisi par la personne malade. Les conditions structurelles des soins de santé jouent également un rôle majeur et, dans le cas des migrants, les routes migratoires et le statut de résidence. Les études doivent permettre de comprendre les liens entre la médecine et la culture sans stéréotypes, car la maladie et le fait d’être malade sont une perception psychosociale. Là aussi, les patients s’interrogent sur le sens de la maladie.

Le crime et les sanctions

Le thème de la culpabilité n’est pas seulement attribué à une culture, mais il est traité différemment selon les cultures. Alors que dans ce pays, l’individu est souvent blâmé en raison de son mode de vie imparfait, ailleurs il s’agit de culpabilité au sens figuré. Souvent, la maladie sert aussi de métaphore, elle est quasi la culpabilité dont une personne s’est accusée. Dans sa conférence, C. Meier zu Biesen (Berlin) a cité un exemple de Tanzanie, où les accidents vasculaires cérébraux au cours d’une maladie liée au diabète sont perçus comme une possession fantôme. Toutefois, une approche rationnelle du schéma de la maladie n’est pas réservée aux seuls patients allemands. Outre les conventions culturelles, les coïncidences doivent également être prises en compte. En résumé, la compréhension respective de la santé doit être perçue comme un phénomène très complexe.

Pertinence médicale

Et pourquoi tout cela est-il important ? Parce que de plus en plus de personnes vivent des parcours de vie transnationaux avec des aliments de base changeants. Les thérapies basées sur la nutrition doivent de plus en plus tenir compte de la compréhension de la maladie et des habitudes alimentaires des personnes à traiter. Les questions de démarcation et d’exclusion sont en cours de renégociation. Le personnel médical n’est pas non plus épargné par l’incertitude des nouvelles circonstances. Il existe souvent des obstacles à l’accès, tels que le problème de la communication entre le médecin et le patient, des modèles de maladies et d’explications incompatibles ou des compétences différentes en matière de santé. En outre, il y a parfois un manque de compréhension de la façon dont un patient exprime sa souffrance, des problèmes de langage technique, une discrimination (raciste) et des contraintes de temps. Outre les questions médicales, les questions sociales et écologiques sont également pertinentes. Les conditions structurelles et institutionnelles doivent être prises en compte, les complications dans la communication médecin/patient ne sont pas toujours dues au contexte culturel. L’insécurité sociale et les stéréotypes culturels de la part du personnel font place à des malentendus. Pour y remédier, il convient de renforcer l’utilisation positive du concept de culture et de développer la compétence transculturelle.

Approches de solutions

Comment pouvons-nous donc mieux atteindre les patients issus de l’immigration ? Il convient d’éviter la culturalisation. Les connaissances et l’expérience peuvent faciliter le contact et la compréhension. Une formation complémentaire en matière de compétence interculturelle peut apporter une sécurité au personnel médical. Les connaissances médico-ethnologiques peuvent également être utiles pour comprendre la compréhension de la maladie par le patient. Des relations de confiance doivent être établies, en particulier dans le cas de différences ethniques existantes, et une réflexion neutre sur sa propre culture est également décisive pour la réussite du traitement. En outre, les traducteurs et la participation des réseaux peuvent faciliter la communication. En Suisse, par exemple, il existe des « hôpitaux favorables aux migrants » dans lesquels la compétence culturelle du personnel médical est tout aussi importante que ses compétences médicales. L’accent y est mis sur la résilience des réfugiés, car la fuite est en soi une stratégie d’adaptation et non un traumatisme en soi.

En résumé :

Il est important de s’impliquer auprès des patients et de les approcher ouvertement afin de pouvoir utiliser le bon médicament de manière sensée. Cela ne s’applique pas seulement aux patients issus de l’immigration. Dans ce cas, des connaissances de base et une formation complémentaire en matière de compétence interculturelle seraient certainement utiles. Toutefois, les conditions structurelles doivent être en place pour permettre de consacrer du temps et des ressources financières à des soins adéquats aux patients.

Plan du site