L’utérus symbolise la féminité et la maternité. C’est l’organe qui contient l’œuf fécondé pendant la gestation jusqu’à l’accouchement. Sa paroi interne est tapissée par une muqueuse appelée endomètre. Celle-ci subit des modifications tout au long du cycle menstruel. Sa desquamation constitue les règles. Diverses pathologies peuvent toucher cette muqueuse, dont l’endométriose, qui se manifeste principalement par des règles douloureuses.
L’utérus : anatomie et fonctionnement
Situé dans le petit bassin ou le pelvis, l’utérus est un organe creux qui a la forme d’une poire renversée. Plus précisément, on le trouve entre la vessie en avant et le rectum en arrière. En haut, le fond utérin se poursuit par les cornes, puis par les trompes de Fallope et les ovaires. En bas, on trouve le col utérin et le vagin. L’utérus non gravide mesure environ 8 cm de longueur, 4 cm de largeur et 3 cm d’épaisseur. C’est un organe richement vascularisé destiné essentiellement à recevoir l’œuf fécondé et à l’héberger tout au long de son développement durant la grossesse. Le revêtement intérieur du corps de l’utérus est constitué par l’endomètre. Il évolue en fonction du cycle hormonal. Plus explicitement, ses cellules, glandes et vaisseaux se développent sous l’action des œstrogènes. Vers le septième jour suivant la fécondation de l’ovocyte par le spermatozoïde, le blastocyste s’implante dans l’endomètre pour former le placenta. Ce processus est appelé la nidation. En l’absence de fécondation, l’endomètre se nécrose progressivement, sa partie fonctionnelle sera expulsée. La femme présente alors un saignement vaginal connu sous le nom de règles ou menstruations. Ensuite, l’endomètre redevient plus fin et un autre cycle menstruel démarre.
Qu’est-ce que l’endométriose ?
L’utérus peut être sujet à de multiples anomalies telles que le fibrome, la tumeur, l’aplasie, l’hypoplasie, les diverses infections, etc. Différentes méthodes permettent de les diagnostiquer, à savoir l’échographie, l’hystérographie, le scanner ou encore l’IRM. L’endométriose est le développement des cellules endométriales en dehors de la cavité utérine. Ainsi, on peut trouver du tissu endométrial sur les ovaires, les trompes de Fallope, les ligaments de l’utérus ou sur la surface extérieure de celui-ci. Plus rarement, ce tissu ectopique peut se développer au niveau des organes avoisinants comme les intestins, la vessie, les reins, et exceptionnellement sur des organes très éloignés de l’utérus tels que le poumon, le bras, les os, le cerveau, etc. Ce tissu endométrial de localisation anormale se modifie également en fonction du cycle hormonal. Il peut aussi se nécroser, mais les saignements ne peuvent être éliminés à l’extérieur du corps. Le sang et les cellules nécrosées peuvent alors irriter les organes qui se trouvent aux alentours. Les causes de l’endométriose sont incertaines à ce jour. La première hypothèse avancée par les spécialistes est la notion de flux rétrograde, c’est-à-dire que le sang et les cellules endométriales qui doivent normalement être expulsés pendant les règles sont redirigés vers la cavité pelvienne et s’enracinent à différents endroits. Il se peut aussi que les vaisseaux sanguins et lymphatiques aspirent des cellules endométriales dans la circulation systémique, ce qui explique la pluralité de localisations de l’endométriose. Selon une autre hypothèse, des cellules qui se trouvent à l’extérieur de l’utérus pourraient se transformer anormalement en cellules endométriales sous l’influence de divers facteurs hormonaux ou immunologiques. Des facteurs environnementaux ont également été incriminés dans la survenue de l’endométriose. Une forte exposition aux phtalates, que l’on trouve notamment dans les tampons hygiéniques, pourrait provoquer l’endométriose. Une étiologie infectieuse et génétique est également plausible.
Endométriose : les principaux symptômes
L’endométriose est une pathologie fréquente, qui peut toucher en moyenne une femme sur dix. Elle peut se révéler de diverses manières. Dans certains cas, la maladie reste asymptomatique et est découverte fortuitement. L’intensité des symptômes n’est pas corrélée à la gravité des lésions. Le signe révélateur de l’endométriose est la douleur, qui est retrouvée chez plus de la moitié des femmes atteintes de cette maladie. Il s’agit surtout d’une douleur pendant les règles, qu’on appelle dysménorrhée. Mais on peut aussi présenter des douleurs durant les rapports sexuels (dyspareunie), des douleurs pelviennes fréquentes ou encore des douleurs à la défécation. Selon la localisation des cellules endométriales, la femme peut souffrir de douleurs lombaires, abdominales, pelviennes ou avoir des difficultés pour uriner, etc. L’intensité de la douleur peut être invalidante, permanente et nécessiter des antalgiques puissants. C’est d’ailleurs le premier symptôme qui permet d’établir le diagnostic d’endométriose. La douleur est liée au cycle et atteint son acmé au moment de l’ovulation ou des menstruations. La douleur peut affecter la santé de l’individu dans son intégralité. Ainsi, certaines femmes ne peuvent mener une vie professionnelle, familiale, et intime normale pendant quelques jours ou durablement. D’autres sont dans l’incapacité d’effectuer un effort physique, même minime. L'individu peut même présenter des pertes de connaissance, des nausées et des vomissements. Parfois, le changement de position n’influe pas sur l’intensité de la douleur. Les règles peuvent également être irrégulières ou abondantes. La femme peut même être sujette à des saignements en dehors des règles.
Les complications de l’endométriose
Le sang et les cellules endométriales qui ne peuvent être éliminés par voie génitale vont irriter les organes voisins et peuvent former des kystes, du tissu cicatriciel ou encore relier les organes entre eux par des adhérences. Si l’endométriose n’est pas traitée comme il faut, elle peut s’aggraver avec le temps. La grossesse réduit temporairement les symptômes de cette maladie, tandis que la ménopause les fait disparaître progressivement. La principale complication de l’endométriose est l’infertilité. Des études ont établi qu’une femme sur 3 ayant des difficultés à avoir un bébé souffrirait d’endométriose. En effet, les adhérences du tissu endométrial peuvent entraver la libération de l’ovule et son acheminement vers l’utérus depuis les trompes de Fallope. Le risque d’infertilité augmente avec le temps de développement du tissu endométrial ectopique. D’ailleurs, l’endométriose est souvent diagnostiquée lors des tests d’exploration d’une infertilité, en particulier chez une femme qui souffre de dysménorrhée et d’autres symptômes pendant ses règles. Pour poser le diagnostic d'endométriose, un examen gynécologique et une exploration des organes internes sont nécessaires. Le médecin peut prescrire des tests d’imagerie. Une laparoscopie peut aussi être demandée. Il s’agit de faire une petite incision près de l’ombilic, à partir de laquelle on introduit un petit tube flexible. Ceci permet de voir l’état des organes et de détecter la présence de tissu endométrial hors de l’utérus.
Comment traiter l’endométriose ?
Il n’existe pas encore de traitements définitifs de l’endométriose. Les douleurs peuvent être soulagées par des analgésiques ou des anti-inflammatoires. Les symptômes disparaîtront spontanément à la ménopause. Sachant que c’est une maladie hormono-dépendante, des traitements hormonaux peuvent être mis en place. Ils consistent essentiellement à empêcher la survenue des règles en privant l’organisme de l’hormone qui assure le développement des cellules endométriales, c’est-à-dire de l’œstrogène. On peut administrer à la patiente une pilule en continu ou lui poser un stérilet qui libère des hormones. Le spécialiste peut aussi prescrire une cure de ménopause artificielle par l’injection d’analogues de la GN-Rh doublée d’une « add back therapy » pour éviter les effets secondaires de la ménopause (bouffées de chaleur, douleurs osseuses, sécheresse de la peau…). Un suivi médical rigoureux à vie est nécessaire. On peut aussi opter pour le traitement chirurgical pour réduire l’étendue des adhérences et empêcher l’évolution de la maladie. Avant de prendre cette décision, il faut bien évaluer le désir de la femme d’avoir des enfants et l’intensité de ses symptômes. Des études ont démontré que des changements aux habitudes de vie pourraient contribuer à soulager les symptômes de l'endométriose. Un régime alimentaire adapté et de l'exercice physique pourraient donc être bénéfiques.